Reconnaître le chancre des arbres fruitiers : à quoi ça ressemble ?
Ah, le chancre ! Rien que le mot sonne un peu inquiétant, n’est-ce pas ? Et pour cause, cette maladie cryptogamique fait bien des ravages dans nos vergers. Le chancre s’attaque principalement aux arbres fruitiers comme les pommiers, poiriers, cerisiers, ou encore pruniers. Il est causé par des champignons (Nectria galligena, Cytospora, Neonectria, entre autres) qui s’introduisent dans les blessures de l’arbre, qu’elles soient dues à la taille, à un coup de vent ou même à une morsure de rongeur.
Comment le reconnaître ? Voici quelques signes qui doivent vous alerter :
- Des crevasses brun-noir sur le tronc ou les branches
- Une écorce qui se craquelle ou se détache
- Une gomme résineuse qui suinte des plaies (surtout sur les cerisiers)
- Parfois, les branches se dessèchent subitement à partir du point d’infection
J’en ai fait l’amère expérience il y a quelques saisons avec un vieux pommier ‘Reine des Reinettes’. Un classique dans nos régions, mais pas épargné par cette maladie pernicieuse ! Heureusement, après plusieurs essais (et quelques erreurs, avouons-le), j’ai réussi à reprendre le dessus… naturellement.
Pourquoi opter pour des méthodes naturelles ?
Comme toujours dans mon jardin, je privilégie les solutions douces qui respectent les équilibres. Les fongicides chimiques existent bien sûr, mais leur emploi nuit à la biodiversité, au sol, et parfois à notre propre santé. Et puis… à quoi bon cultiver un verger maison si c’est pour l’asperger de molécules controversées ?
Avec un peu d’observation, de rigueur, et quelques remèdes bien choisis, on peut largement limiter les dégâts du chancre, voire l’éradiquer sur de jeunes arbres.
Taille, nettoyage et hygiène du verger : les gestes de base
Avant même de parler de traitement, il faut revenir aux basiques. Rien ne sert de saupoudrer d’argile ou d’huiles essentielles si des branches malades pendent encore à l’arbre. Voici ma routine après chaque hiver :
- Observation des arbres : entre janvier et mars, je fais le tour du jardin, sécateur et carnet en main.
- Suppression des parties malades : dès que je repère un chancre, je coupe en dessous de la zone atteinte, à 10 ou 15 cm minimum. Oui, parfois cela implique de sacrifier une belle branche.
- Désinfection des outils : alcool, vinaigre blanc, ou flamme : je ne lésine pas sur la propreté entre chaque arbre pour éviter de propager involontairement le champignon.
- Élimination des déchets : jamais au compost ! Les branches malades sont brûlées ou évacuées avec les déchets verts communaux.
Ce rituel à lui seul permet déjà de contenir fortement le champignon. Mieux vaut tailler un peu plus en hiver, que de pleurer une récolte anéantie en été, non ?
Les soins naturels que j’utilise avec succès
Une fois les arbres allégés de leurs parties malades, il est temps de soutenir leur guérison avec des remèdes naturels. Voici ceux que j’applique fidèlement chaque année.
Le badigeon à l’argile et propolis
Un classique qui ne m’a jamais déçue. Le badigeon sert à protéger les plaies de taille, mais aussi à assainir les parties atteintes. Ma recette maison :
- Argile verte en poudre (aux propriétés assainissantes et cicatrisantes)
- Propolis en teinture mère (antifongique puissant obtenu grâce aux abeilles)
- Huile végétale (type lin ou colza) pour améliorer l’adhérence
- Un peu d’eau pour obtenir une pâte épaisse, facile à appliquer
J’applique ce mélange au pinceau généreusement sur les blessures, les coupes de branches, et même sur les chancres que je n’ai pas pu éliminer totalement. En plus, ça donne un petit look « argileux » au tronc que j’aime bien, un peu comme un spa pour arbres !
Les purins protecteurs : ortie, prêle et consoude
Aucun secret pour les habitués du jardinage bio : ces trois-là sont la trinité magique ! Leur application au pulvérisateur en début de printemps (juste avant le débourrement) renforce la résistance naturelle des arbres :
- Purin de prêle : riche en silice, il est un antifongique reconnu
- Purin d’ortie : booste la croissance et la vitalité des arbres
- Purin de consoude : bien que moins connu pour le chancre, il stimule la formation de tissus réparateurs
Je les alterne tous les 15 jours pendant deux mois au printemps, puis j’espace les traitements en été. Et mes arbres me le rendent bien : feuillage éclatant, aucune nouvelle attaque depuis trois ans maintenant.
Les huiles essentielles : puissantes, mais avec précaution
Quand le chancre persiste, je dégaine un spray aux huiles essentielles. Favorisez le tea tree, le clou de girofle ou encore le citron, tous antifongiques notoires. Diluez-les toujours correctement (quelques gouttes dans un litre d’eau avec un peu de savon noir pour l’émulsification), et appliquez localement sur les zones touchées.
Un exemple ? Sur un vieux cerisier dont l’écorce semblait se gorger de chancre après chaque pluie, j’ai pulvérisé deux fois par mois ce mélange naturel, et depuis, la progression semble stoppée. Attention tout de même : ce soin est ponctuel, et ne remplace pas les gestes préventifs.
La prévention, votre meilleure alliée
Une fois que vos arbres ont été chouchoutés et soignés, reste à miser sur la prévention. C’est comme dans la vie : mieux vaut garder une bonne hygiène de vie que d’empiler les médicaments. Voici mes règles d’or :
- Évitez les tailles lourdes en période humide : préférez les jours secs et ensoleillés, l’arbre cicatrise mieux.
- Choisissez des variétés résistantes : certaines variétés de pommier sont moins sensibles, comme ‘Liberty’ ou ‘Florina’.
- Soignez la fertilisation : un arbre bien nourri est plus résistant. Le compost mûr au pied en automne, c’est simple et redoutablement efficace.
- Aérez votre verger : évitez les plantations trop serrées, surtout près des murs ou haies compactes où l’humidité stagne.
Il m’a fallu quelques saisons pour inscrire ces réflexes dans mes routines, mais désormais, le verger se porte mieux. Même mes voisins viennent jeter un œil admiratif à mes pommiers au feuillage resplendissant. Et franchement, c’est plutôt gratifiant !
Quand appeler un professionnel ?
Malgré tous les soins, il arrive que certaines infections ressortent chaque année, surtout sur de vieux sujets. Si vous observez une propagation rapide du chancre, une perte de vigueur de l’arbre ou un risque pour d’autres sujets, n’hésitez pas à faire appel à un arboriculteur ou un élagueur spécialisé.
Il m’est arrivé de consulter un spécialiste pour un cognassier profondément atteint. Grâce à son diagnostic précis, j’ai évité de perdre l’arbre, et j’ai surtout appris des gestes techniques que j’utilise maintenant pour surveiller tout mon verger.
Parce que le jardin, c’est aussi une histoire de patience
Le chancre n’est pas une fatalité. Il demande vigilance et persévérance, mais il est tout à fait possible de garder de beaux fruitiers productifs en optant pour des méthodes naturelles. Chaque cicatrice sur mon vieux pommier me rappelle que le jardinage, c’est avant tout une histoire d’apprentissages, de petits ajustements, et d’amour pour le vivant.
Et vous, avez-vous déjà dû lutter contre le chancre ? Quelles sont vos astuces ou remèdes favoris ? N’hésitez pas à les partager en commentaire, je serais ravie de découvrir vos expériences personnelles.


